HUNAWIHR : le partage de Dieu ou le SIMULTANEUM des cultes

Il existe encore cinquante "églises simultanées" également appelées "églises mixtes" en Alsace. Une des plus célèbre étant celle de Hunawihr, mon village, suivez-moi je vous raconte l'histoire d'un partage de Dieu. 

L'église de Hunawihr : le partage de Dieu ou le Simultaneum des cultes
L'église de Hunawihr : le partage de Dieu ou le Simultaneum des cultes

Le simultaneum des cultes renvoie à une réalité cultuelle et juridique spécifique et désigne un système d’occupation commune d’un seul édifice par deux, voire trois communautés religieuses : catholique, luthérienne et/ou réformée. Il s’applique dans les communes dont chaque communauté paroissiale n’avait pas les moyens de disposer d’un lieu de culte particulier.

Historiquement, les premières traces de simultaneum apparaissent avant la Guerre de Trente ans, mais c’est sous Louis XIV que l’Alsace voit ce système de cohabitation s’imposer. Une lettre de Louvois, secrétaire d’Etat en charge de l’Alsace, donne le 25 juillet 1684 les conditions requises pour l’établissement d’un simultaneum dans le Palatinat et va fonder toute la jurisprudence : "Le roi trouve bon que l'on exécute les ordres que sa majesté a donnés pour la prise de possession des chœurs des églises du bailliage de Guermersheim, non seulement dans la Basse-Asace, mais encore dans les lieux de la province qui sont de la religion luthérienne, où il y aura sept familles catholiques"

1685, l'année de la révocation de l'édit de Nantes, peut véritablement être considérée comme la date du début de l'introduction massive du Simultaneum en Alsace. Pour pouvoir mettre en état de fonctionnement ses églises, Louis XIV institue, en 1685, les curés royaux, des prêtres payés par l'administration royale pour desservir les lieux de culte nouvellement restitués et, si possible, poursuivre l'action missionnaire auprès des protestants.

Le système du Simultaneum sera introduit à Hunawihr en 1687 et y est toujours en vigueur. La géographie interne de l’église de Hunawihr est toujours marquée par cette division. Si à l'origine, le choeur catholique était fermé par un rideau ou une cloison pendant l’office protestant, cela n'a plus lieu aujourd'hui. Néanmoins, le confessionnal (meuble catholique) est toujours placé dans le choeur et caché derrière l'autel catholique. Le décor du choeur est laissé à la discrétion du culte catholique, la nef doit rester neutre.

Le Simultaneum entraîne également le partage de la sacristie. Les cloches, l’orgue sont communs, ce qui a donné lieu à toutes sortes d’épisodes marquant l’hostilité entre les communautés. Même si aujourd'hui, les relations entre les cultes sont apaisées, "la dispute de Hunawihr" est restée célèbre et a laissé des traces dans l'architecture du lieu, je vous la raconte volontiers lors d'une visite.

Au XIXe siècle, après l’application du Concordat et des articles organiques en 1802, le système du Simultanéum se perpétue par la force des choses, la plupart des communes n’ayant pas les moyens de construire un édifice spécifique à chaque culte. A partir des années 1842-1843, un mouvement important est crée pour mettre fin à ce "scandale". Cette opération sur le long terme qui est favorisée par le développement démographique de l’époque. Aujourd’hui, une cinquantaine d’églises dont celle de Hunawihr restent soumises au Simultaneum, avec des assouplissements importants dont la mise en place d’un autel commun ce qui constitue le signe évident d’une pacification des esprits et des relations inter-confessionnelles.

A Hunawihr, les cimetières également sont "partagés", venez le découvrir...

Je vous propose des visites guidées sur réservation toute l'année


Pour en savoir plus : 

Claude MULLER, "Le Partage de Dieu", Actes des colloques de la Société française d'onomastique, 1992  pp. 67-75

Louis CHATELLIER, Tradition chrétienne et renouveau catholique dans l'ancien

diocèse de Stasbourg, Strasbourg, 1981, pp 307-326

Claude  MULLER et Bernard VOGLER, Catholiques et protestants en Alsace,  "Le

simultaneum de 1802 de 1982", Strasbourg, 1983. 270 p.

Informations sur l'auteur

Caroline CLAUDE-BRONNER

fondatrice de Chemins Bio en Alsace guide conférencière diplômée en Histoire, fille de vignerons alsaciens, passionnée par sa région, vous propose ses services de guidage et d'accompagnement dans la bonne humeur et le respect de l'environnement