Je vous présente l'article "Le vignoble alsacien" écrit il y a tout juste 100 ans par le géographe André Lucius et publié en 1922 dans les Annales de Géographie. Ce retour historique est aujourd'hui nécessaire pour pouvoir mesurer le chemin parcouru. La lecture attentive de ce document permettra de mettre en relief les permanences et les différences.
L'introduction est déjà un message fort.
"La culture de la vigne en Alsace a, comme dans tout l'Est de la France, quelque chose d'artificiel. Située près de la limite septentrionale de son extension la vigne ne peut exister que grâce la présence de conditions naturelles particulièrement favorables. Ces conditions sont réalisées sur les versants des Vosges et des collines sous-vosgiennes. La vigne y trouve les terrains secs, la chaleur et la luminosité dont elle a besoin pendant sa période de végétation. Malgré ces conditions favorables elle exige des soins très minutieux qui supposent une longue tradition d'expériences. La culture de la vigne ainsi contribué à donner un aspect tout fait particulier à la vie alsacienne, on peut dire qu'elle est un des traits essentiels de la civilisation en Alsace.
Elle reste malgré tout une culture très aléatoire Il y a des années dans les lesquelles le vignoble alsacien atteint des rendements moyens de 70 hectolitres par hectare. Dans d'autres années, et ce sont les plus fréquentes le rendement est tombé à 10 souvent même à 5 hectolitres. La situation délicate du vignoble alsacien devait dans ces conditions tout naturellement être aggravée du fait de la concurrence étrangère rendue possible par le développement des moyens de communication au milieu du XIXe siècle. A partir de ce moment, le vignoble est entré dans une crise
dans laquelle il se trouve encore actuellement."
La conclusion entre particulièrement en résonance avec les enjeux actuels : "Les exportations hors Alsace ne semblent possibles que pour des vins fins à bouquet. Les débouchés sont à créer. Une partie pourra être écoulée en France ; on compte beaucoup sur la Belgique et sur Angleterre où on essaie actuellement de remplacer les vins du Rhin allemand par les "French Rhine wine from Alsace". L'Amérique du Sud et l'Extrême-Orient pourraient également fournir des débouchés. Il semble donc que le vignoble alsacien doive revenir à sa destination naturelle : la production de vins à qualités spécifiques. C'est la conséquence logique de sa situation un peu artificielle qui ne lui permet pas d'entrer en concurrence avec des régions plus favorisées."
Informations sur l'auteur
Caroline CLAUDE-BRONNER, fondatrice de Chemins Bio en Alsace , guide conférencière diplômée en Histoire, fille de vignerons alsaciens, passionnée par sa région, vous propose ses services de guidage et d'accompagnement dans la bonne humeur et le respect de l'environnement pour tout public, du junior au senior.